Essai BMW K 1600 GTL Exclusive

BMW K 1600 GTL Exclusive... Pullman, luxe, extrême... BMW roule ici sur les roues des GL1800 et autres Ultra-Glide pour proposer un vaisseau roulant tout confort avec un six cylindres qui relègue les traditionnels bi et quatre cylindres au placard. Utile ? Too much ? Conduisible ? Essai.

Découverte

La GTL 1600 est la déclinaison confort de la K 1600 GT et en impose dès le premier regard. Longue, large, haute, elle représente la débauche ultime du gabarit maouss pour emmener conducteur et passager à des horizons inimaginés jusque présent. Presque 2,5 m de long, 1 m de large, mais une selle plus basse qu'on ne pourrait l'imaginer à seulement 750 mm ! On s'enfonce donc au centre de ce bus sur deux-roues. Et pourtant derrière ce gros ours se cache non seulement le six cylindres sus mentionné mais 160 chevaux, rien de moins et un couple tout aussi impressionnant de 175 Nm (soit presque 3 fois plus qu'une ER6).

Tout respire ici le luxe, de la large selle moelleuse, au tableau de bord, à la bulle électrique, en passant par les énormes valises latérales et coffre arrière, ou encore les repose-bras sur axe pour le passager, sans une seule faute de goût tant au niveau finition qu'assemblage. A 22.000 euros, prix de base, on en a clairement pour son argent, pour à peine plus cher qu'une 1200 RT finalement. les plus avertis noteront que le protège est intégré de série sur ce modèle. Un détail qui évitera de changer tout le bas moteur en cas de chute malencontreuse à l'arrêt.

En selle

A seulement 750 mm de haut, le conducteur d'1,70 pose quasiment les pieds à plat et c'est une véritable surprise, quand on sait que ce n'est pas le cas sur une moto plus légère comme la 1200 par exemple. L'avantage s'apprécie d'autant plus quand le passager doit monter, sans déséquilibrer le tout. On s'enfonce immédiatement dans la selle moelleuse qui promet une assise idéale pour les longs voyages. Les mains se posent naturellement sur le guidon avec une position très droite et des bras finalement peu écartés et proches du corps. La tête surplombe alors la bulle réglée au plus bas, mais peut-être complètement protégée une fois la bulle relevée au plus haut, grâce à un bouton spécifique au commodo gauche.

On retrouve les commodos traditionnels BMW, y compris la manipulation des menus au commodo gauche avec les impulsions dans les choix, permettant notamment de régler les niveaux pour la chaleur des poignées chauffantes ou des selles conducteur et passager.

Le compteur s'avère très lisible, tout comme le compte-tours ou les indications à l'écran digital central et ce aussi bien sous le soleil que de nuit.

Contact

Le six cylindres s'ébroue dans une feulement grave. C'est agréable et valorisant. Première et après un ou deux mètres de balancement si on accélère doucement, les 348 kilos du mastodonte s'oublient.

En ville

On l'a dit, la K 1600 GTL est large et l'on se demande toujours si les valises vont passer. Le poids global, surtout une fois chargé du passager et des bagages, rendent l'interfile délicat à vitesse lente même si la maniabilité - relative pour son gabarit - est au rendez-vous. Cela va tout de suite mieux dès que l'on peut dépasser les 20 km/h et ne pas avoir ni à accélérer ni à freiner régulièrement car s'arrêter pour repartir régulièrement demande un peu d'effort qui se révèle physique au bout d'une demi-heure. La ville n'est donc pas son terrain de prédilection, surtout si l'on doit y associer des petites rues à angle droit et dévers avec le stop au mauvais endroit qui rendent l'exercice fatiguant.

Pour autant, le six cylindres accepte tous les régimes, voire de cruiser à 50 km/h sur le dernier rapport. Il est difficile de faire plus souple. Et de fait, quand vous passez d'une nationale au petit village, il n'y pas besoin de rétrograder, la K1600 acceptant de ralentir en douceur pour reprendre de même sans cogner ni effort à la sortie suivante. Seuls les demi-tours dans les petites rues étroites, sans marche arrière, feront souffrir son propriétaire, même avec les pieds bien à terre.

Sur autoroute

La K1600 GTL s'élance sur autoroute sans en avoir l'air... ronronnant à vitesse légale à seulement 3.500 tr/mn sur le dernier rapport. Et à 150 km/h, elle n'est encore qu'à 4.000 tr/min, soit à moins de la moitié de son régime maximal. Il suffit d'ouvrir en douceur, ou non d'ailleurs, pour qu'elle s'envole littéralement au-dessus des 200 km/h (sur autoroute allemande), vitesse à laquelle avec passager et bagages et avec un peu de vent, elle se stabilise volontiers.

Alors qu'elle peut grimper à 230 km/h à seulement 7.000 tr/mn, plus vite et la bulle relevée, on peut ensuite commencer à ressentir un peu de flottement dans la direction, qui fait relâcher l'accélérateur ou freiner sensiblement si l'on a enclenché d'une pichenette le cruise control. Même à cette vitesse, les grandes courbes se prennent sans ciller et sans effort avec un appui à peine plus soutenu sur le guidon. On règle alors souvent la bulle en roulant afin de limiter le bruit jusqu'à même le faire disparaître complètement et sans générer pour autant de vibrations ou d'infrasons dans le casque. Il faut ensuite se coordonner avec le passager, car quand le conducteur n'a pas de vibrations, le passager peut en avoir et il suffit alors de baisser d'un ou deux centimètres seulement la bulle par rapport à sa position haute maximale pour que les deux "occupants" soient parfaitement protégés du vent et du bruit. Et lorsque la nuit tombe et que la température fraîchit, il suffit d'enclencher le chauffage pour réchauffer non seulement les postérieurs mais plus globalement l'ensemble du corps. Et pour avoir roulé longtemps de nuit en novembre avec une température extérieure à l'abri sous les 10°C (et donc ressenti plus bas à vitesse élevée), l'efficacité du chauffage surtout sur un trajet de plusieurs centaines de kilomètres comme ce fut le cas peut vraiment s'envisager sans arriver gelé.

Sur départementales

La K1600 GTL revient naturellement sur départementale et ce d'autant plus qu'elle est relativement insensible au mauvais état de la chaussée. Les mauvais raccords et autres trous naturels se passent comme sur un tapis volant, sans les ressentir, notamment dans la version Confort du réglage de l'amortisseur ESA. Une fois, roulante, les courbes moyennes s'enchaînent naturellement sans effort particulier. Par contre, quand les courbes se rapprochent et que le rythme s'accélère, ce qui peut vraiment se faire avec les 160 chevaux pas vraiment cachés sous le carénage, la conduite demande un peu d'anticipation afin de ne pas se faire embarquer. On n'oublie pas les 350 kilos, voire les 500 kilos avec conducteur passager et bagages qui entraînent volontiers l'ensemble en élargissant les trajectoires. On appréciera alors le monde sport pour le réglage de l'amortisseur mais aussi Sport pour le ride-by-wire. Le cardan est particulièrement discret, sauf à la décélération ou on l'entend travailler notamment sur des régimes intermédiaires.

Confort/duo

La selle est moelleuse. Les suspensions font disparaître tous les défauts de la chaussée. Avec une position de conduite droite et naturelle, la K1600GTL permet vraiment d'enchaîner les kilomètres sans y penser. Pour une fois et c'est rare, ce n'est pas le fessier qui vous demandera la pause, mais plutôt les paysages qui appelleront la photo et l'arrêt panoramique, car le vaisseau vous emmènera très loin.

Freinage

Double frein à disque à l'avant, simple disque à l'arrière, mais surtout freinage intégral apportent toute la puissance nécessaire. Le feeling est bon et c'est parfaitement dosable à tout moment.

Route de nuit

La double optique offre déjà au repos un regard enchanteur, notamment grâce à cette signature lumineuse LED en cercle encadrant le feu principal. Au-dela du côté high-tech, l'éclairage est très efficace de nuit sur petite route non éclairée. Et quand on passe en plein phare (commodo de l'appel de phare devant être poussé), la nuit s'illumine.

Et à l'arrêt, vous apprécierez l'éclairage de sol, pour savoir où vous mettez les pieds.

Consommation

La K1600GTL consomme à peine plus qu'un roadster de moyenne cylindrée avec une consommation de moyenne de 6 litres avec un rythme cool alternant départementales. La consommation peut grimper jusque 6.5 litres sur autoroute à une moyenne de 140 km/h. On passe alors sur réserve entre 350 et 380 km, avec une autonomie globale avec les 26 litres du réservoir comprise entre 420 et 450 kilomètres. Et avec le confort apporté, il est en plus vraiment possible de faire des trajets de cette distance, sans plus de pause. Pour l'anecdote, le bouchon de réservoir n'accepte de s'ouvrir que contact éteint (et pas seulement la moto à l'arrêt).

Pratique

Les deux valises latérales associés à la valise horizontale offrent une capacité d'emport impressionnante, acceptant aussi bien un intégral au niveau latéral que deux intégraux dans la partie supérieure.

Conclusion

La BMW K 1600 GTL pousse encore d'un cran au-dessus la notion de confort ultime à moto, que ce soit pour le conducteur ou le passager. Avec toute l'électronique embarquée, associée aux modes de conduite (pluie-normal-sport) et aux réglages des suspensions et de la capacité d'emport, vous permet de vous emmener très loin pour très longtemps. Seuls le poids et l'embonpoint global ne la rendent pas idéale pour du commuting quotidien en ville, notamment pour un conducteur de petit gabarit qui lui préférera plutôt une 1200 RT.

Points forts